dimanche 3 juillet 2016

Pourquoi Jésus n'a jamais dit de rendre à César ce qui est à César!

Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu est une des paroles les plus connues de Jésus, elle est même utilisée pour justifier la séparation de l'Église et de l'État; il ne l'a pourtant jamais dite pour plusieurs raisons, mais avant étudions ce qu'elle signifie.
La Judée-Samarie-Idumée, suite à la gestion catastrophique d'Archélaos, devient en 6 une province romaine gouvernée par un préfet, elle sera gouvernée par un procurateur à partir de Tibère Alexandre en 45.
La question du paiement des impôts est cruciale pour Rome; en fait les Romains vivent du pillage des nations qu'ils ont soumises. Sans impôts, toutes les fêtes qui enchantent Rome prendraient fin faute de moyens et mènerait les Romains à se révolter. Les fonctions comme préfet ou procurateur sont des fonctions militaires, civiles, judiciaires, religieuses et surtout fiscales, sa fonction est de faire parvenir les taxes à Rome. À Rome, les questions religieuses et fiscales sont étroitement liées, puisque l'empereur censé être un dieu est représenté sur les pièces de monnaie, celle-ci a donc une fonction cultuelle autant que fiscale. Pour un Juif, payer ses taxes équivaut à rendre un culte au pouvoir étranger. 
Le passage contient aussi un éventuel anachronisme; en effet, suite à la destruction du Temple de Jérusalem et à la destruction du Temple de Jupiter Capitolin à Rome (due à la lutte entre les différents prétendants à l'Empire après la mort de Néron en 68), Vespasien (le père de Titus) a décrété que les Juifs puisque le Temple de Jérusalem était détruit ne pouvaient plus payer le didrachme, mais qu'ils devaient payer cette somme à l'Empire afin de financer la reconstruction du Temple de Jupiter, c'est ce que l'on appelle le fiscus judaicus. Or, les Juifs étaient très hostiles à cette taxe, parce qu'elle finançait un culte idolâtre, il est donc possible de voir dans le passage des évangiles une incitation à payer cette taxe sans se révolter. Domitien (le frère et successeur de Titus) étendra même cette taxe aux convertis au judaïsme; le refus de l'acquitter se traduisait par la mort ou la réduction en esclavage...

Le passage en question est situé peu avant l'arrestation et la mort de Jésus. Le lendemain qu'il ait chassé les marchands du temple, Jésus est confronté à une suite de débats avec les responsables juifs. Au temple, Jésus est interrogé sur son autorité, il raconte ensuite la parabole des deux fils, et celle des vignerons homicides, celle du festin nuptial et c'est alors qu'il est interrogé sur l'impôt dû à César. Il sera encore interrogé sur la résurrection par les sadducéens, sur le grand commandement par un riche et sur le messie par les pharisiens (notons qu'il réfute l'importance du messie Fils de David, au profit du Messie Fils de l'Homme des Paraboles d'Hénoch), et cela se termine par l'imprécation contre les pharisiens, le châtiment qui vient et l'obole de la veuve; ensuite Jésus et ses disciples quittent le Temple et Jésus énonce le Discours eschatologique sur le Mont des Oliviers. 

Maintenant, voyons pour quels motifs, Jésus ne peut pas avoir dit cette phrase, mais avant examinons les textes des évangiles. Le texte ne se trouve que dans les synoptiques et est absent de Jean, par contre nous possédons deux versions alternatives, celle de l'Évangile de Thomas qui n'est pas très importante et qui dépend des évangiles canoniques, et celle de l'Évangile inconnu, dit Évangile d'Egerton. Ce texte, enfin ce feuillet, fut trouvé en Égypte en 1930 et est écrit en grec, et est daté des années 120, c'est donc la plus ancienne mention de Jésus historiquement certaine que nous ayons. Or dans l'Évangile d'Egerton, Jésus est avant tout un bon juif qui observe strictement la Torah, ce Jésus est hostile aux chefs des Juifs parce qu'ils collaborent avec les Romains, Jésus y est donc un pur représentant du nationalisme judéen; comme on le verra, Jésus refuse de répondre à la question et les traite de mauvais juifs... 
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Motifs.
Les monnaies à effigies en usage en Judée sont sans effigies, on ne peut donc y voir le portrait de César. 
Si des étrangers viennent à Jérusalem, ils sont tenus à faire changer leur monnaie à effigie chez les changeurs qui sont sur le Mont des Oliviers.
On pourrait nous rétorquer que les changeurs sont dans le Temple, mais d'après les évangiles, il les a chassés quelques jours plus tôt. 
La réponse de Jésus dans l'évangile d'Egerton est nettement plus crédible...
MAIS PLUS IMPORTANT, en Luc 23, 1–2, il est dit:
1. Ils se levèrent tous, et ils conduisirent Jésus devant Pilate. 2. Ils se mirent à l’accuser, disant: Nous avons trouvé cet homme excitant notre nation à la révolte, empêchant de payer le tribut à César, et se disant lui-même Christ, roi.
SI JÉSUS AVAIT VRAIMENT DIT «RENDEZ À CÉSAR CE QUI EST CÉSAR, etc.» Les responsables juifs n'auraient pas osé l'accuser d'empêcher de payer le tribut à César. En effet, si les Juifs avaient accusé Jésus de cela, il lui aurait été facile de répéter les paroles que les évangiles lui attribuent et aurait été immédiatement libéré, ET SES ACCUSATEURS AURAIENT ÉTÉ CONDAMNÉS SOUS LE PRÉTEXTE D'UNE FAUSSE ACCUSATION... 

Enfin, la logique interne du texte de Luc s'y oppose; en effet, les Juifs sont hostiles à ces taxes, et Luc dit: 
26. Ils ne purent rien reprendre dans ses paroles devant le peuple; mais, étonnés de sa réponse, ils gardèrent le silence.
Or cette parole s'adapte pleinement à l'imprécation de l'évangile d'Egerton, mais pas du tout au contexte. 
Il faut bien comprendre la logique:
- ceux qui interrogent Jésus sont favorables aux Romains
- le peuple est hostile aux Romains

Si Jésus a dit: RENDEZ À CÉSAR, pourquoi auraient-ils peur du peuple s'ils reprennent Jésus???
Par contre si Jésus, comme le dit l'évangile d'Egerton, n'a pas répondu à la question fiscale et a fait une imprécation contre ceux qui l'interrogent en les traitant de mauvais juifs, là il est clair qu'ils ont peur de répondre à cause du peuple, puisque tout ce qu’eux pouvaient dire à Jésus, c'est que les Juifs doivent payer leurs taxes à Rome...

Conclusion:
Jésus est bien un nazaréen ou notzerîm hostile aux Romains... l'Évangile a été falsifié en faisant de Jésus un fidèle de Rome tué par erreur par Ponce Pilate; en réalité, Jésus fut bien un révolutionnaire appartenant aux courants nationalistes judéens... 












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