mardi 5 avril 2016

Luc l'Évangéliste, lecteur inattentif de Flavius Josèphe

L'Évangile de Luc a été composé d'après la tradition par un certain Luc qui aurait été médecin et serait originaire d'Antioche. Il aurait été un disciple de l'apôtre Paul et serait le rédacteur de son évangile et d'une partie des Actes des Apôtres, celle consacrée à Paul. La majorité des spécialistes estiment que son évangile date des années 80, en estimant que le Discours eschatologique comporte des allusions à la Première Guerre judéo-romaine (66–70). Ces spécialistes devraient relire Flavius Josèphe qui décrit parfaitement la Première Guerre judéo-romaine qui ne correspond absolument pas à ce que dit le Discours eschatologique; par contre ce discours contient des allusions à la Seconde Guerre judéo-romaine (132–135):
  • Le discours parle du retour des Juifs en Judée, ce qui a dû se produire dans les années 118 et  suivantes, il s'agit d'une conséquence directe de l'expulsion des Juifs de différentes provinces romaines suite à la révolte des Communautés (115–118).
  • Il parle de la profanation du Temple de Jérusalem, et le discours insiste sur la nécessité de fuir Jérusalem à ce moment-là; or cela ne peut correspondre qu'à la volonté d'Hadrien de bâtir un Temple pour Zeus, sur le site de l'ancien Temple de Jérusalem, ce qui provoquera l'insurrection de Shiméon bar Kokhebâ. La meilleure preuve que ce passage ne concerne pas la Première Guerre judéo-romaine, c'est qu'en cette guerre, le Temple ne sera détruit qu'après la chute de Jérusalem, un peu tard pour fuir.  
  • La mention, vous serez battu de verges dans les synagogues est à nouveau une réminiscence de la Seconde Guerre judéo-romaine; en effet, Shiméon bar Kokhebâ semble avoir considéré que les chrétiens étaient des Juifs, et donc qu'ils devaient servir dans les armées juives, ce qu'ils refuseront, et c'est la raison de leur persécution. 
Comme notre sujet n'est pas le Discours eschatologique, nous arrêterons ici notre comparaison, une analyse fouillée de ce Discours sera publiée cette année et sa longueur nous empêche de la mettre sur Internet (plus de 80 pages). Cette datation tardive est conforme à ce que nous savons de Marcion; en effet, après sa donation de 15kg d'or à l'Église de Rome, on lui permit de prendre copie d'un ensemble de textes qui comportait 4 évangiles et 9 lettres de Paul. Les évangiles de Matthieu et de Luc ne comportaient pas les parties préliminaires, ce qui fit croire à Marcion que Jésus était sans naissance humaine, et le texte était plus primitif que le texte actuel. Le texte de Marcion est ce que l'on appellerait une maquette. 
Dans l'Évangile de Luc, nous lisons à propos du début de l'activité de Jésus, le mention suivante:
C'était la quinzième année du règne de l'empereur Tibère [donc vers 29]; Ponce-Pilate était gouverneur de Judée, Hérode [Antipas] régnait sur la Galilée et son frère Philippe sur le territoire de l'Iturée et de la Trachonitide, Lysanias régnait sur l'Abilène, Hanne et Caïphe étaient grands-prêtres. La parole de Dieu se fit alors entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. 
Rappelons qu'Hanne et Caïphe ne furent pas grands-prêtres en même temps: Caïphe fut grand-prêtre de 18 à 34–35; quant aux grands-prêtres appelés Hanan, il n'y en eut que deux: Hanan ben Seth qui le fut de 6 à 15 et Hanan ben Hanan, le fils du précédent qui le fut en 63, pendant 3 mois et qui fut démis pour avoir exécuté sommairement non Jacques frère de Jésus, mais Bannous, un disciple de Jean le Baptiste et le propre maître de Flavius Josèphe, il s'agit d'un converti au judaïsme, très probablement bénéficiaire de la citoyenneté romaine. D'autres fils de Hanan furent grands-prêtres dont Jonathan ben Hanan qui le fut pendant l'exécution de Jean en 36, et donc après Jésus.
Mais cet article étant consacré aux inattentions de Luc quand il copie Flavius Josèphe, l'erreur qui nous intéresse est celle de la mention: 
Lysanias régnait sur l'Abilène
Le seul Lysanias connut dans l'histoire fut exécuté vers –36 par Marc Antoine, probable vengeance divine pour avoir négocié avec les Parthes et leur avoir promis 500 femmes juives s'ils battaient Hérode et les Romains en –37. Il était appelé roi d'Abilène ou de Chalcis chez Flavius Josèphe et roi des Ituréens chez Dion Cassius, mais ces titres sont équivalents.
L'Abilène est la région autour d'Abila, aujourd'hui Suq Wadi Barada, qui est en Syrie à 5–7 km du Liban et à 15km au nord-ouest de Damas, c'est aujourd'hui un hameau insignifiant de quelques centaines d'habitants, probablement moins depuis l'éclatement de la guerre civile syrienne.
L'Abila après l'exécution de Lysanias devint une province romaine, mais un fils de Lysanias appelé Zénodore y menait une guerre des partisans et finalement Auguste donna l'Abila à Hérode le Grand en –23, afin qu'il mette fin à la rébellion. À la mort d'Hérode, c'est l'empereur Auguste qui fut chargé de déterminer la succession et il décida que
La Batanée, la Trachonitide, l'Auranitide et quelques parties du domaine de Zénodore [c'est-à-dire l'Abila] aux environs de Panias [Césarée de Philippe], avec un revenu de 100 talents, formèrent le lot de Philippe. [Guerre, II, VI, 3.]
Philippe, frère légitime d’Archélaüs, eut la Gaulanitide, la Trachonitide, la Batanée et Panias à titre de tétrarchie. [Antiquités, XVII, VIII, 1.]
Eusèbe de Césarée prétend que Flavius Josèphe aurait expliqué qu'Archélaos aurait eu
le trône des Juifs, et comment lors de sa chute du trône, arrivée dix ans plus tard, ses frères Philippe et Hérode le Jeune [Antipas], ainsi que Lysanias obtinrent chacun leur tétrarchie.
En premier, rappelons que tétrarchie signifie «quatre principauté». Flavius Josèphe mentionne qu'Archélaos avait de nombreux ennemis à Rome et qu'il était considéré comme un incapable, ce qu'il prouvera bien assez tôt. Malgré ce qu'affirme Eusèbe, Auguste lui refusera le trône des Juifs, et ne l'autorisera qu'à porter le titre d'Ethnarque de la tétrarchie de Judée, de Samarie et d'Idumée, il donnera le titre de Tétrarque à Philippe et la souveraineté des territoires sus-mentionnés et donnera ce même titre à Hérode Antipas avec la souveraineté sur la Galilée et la Pérée; il accordera enfin à Salomé, sœur d'Hérode une quatrième et bien modeste partie, savoir la tétrarchie des villes de Jamnée, d'Azotos et de Phasælys, sans pouvoir porter le titre de tétrarque, mais seulement de maîtresse de ces villes. Ce sont les quatre tétrarchies ou principautés issues de la succession d'Hérode. Comme on le voit, Philippe et Antipas obtinrent dès –4 le titre de Tétrarque et non en 6, lorsqu'Archélaos fut démis de ses fonctions. Cette année-là, Auguste reçut tant de plaintes à son sujet qu'il le convoqua, et c'est alors que son pays qui comprenait la Samarie, la Judée et l'Idumée
fut rattaché en tributaire à la Syrie et l’empereur envoya Quirinius, personnage consulaire, pour faire le recensement en Syrie et liquider les propriétés d’Archélaüs. [Antiquités, XVII, XIII, 5.]
Quand le domaine d'Archélaüs eut été réduit en province, Coponius, Romain de l'ordre équestre, y fut envoyé comme procurateur [préfet en réalité, la Judée sera une préfecture de 6 à 38, et une procurature après 44]: il reçut d'Auguste des pouvoirs étendus, sans excepter le droit de vie et de mort. [Guerre, II, VIII, 1.]
Comme on le lit parfaitement dans Flavius Josèphe, la destitution d'Archelaos n'affecta en rien Antipas et Philippe qui conservèrent leurs tétrarchies, et il n'est fait aucune mention d'un quelconque Lysanias.
Mais alors d'où sort le Lysanias Tétrarque d'Abila que mentionne Luc! C'est en réalité très simple. Il faut savoir que Flavius Josèphe n'a jamais parlé un grec acceptable (son mauvais grec faisait rire Titus), et l'écrivait encore moins bien. Il composait ses textes en araméens et soit de lui-même, soit aidé par quelques amis, il traduisait ou faisait traduire en grec ses ouvrages. Ses ouvrages comme les Antiquités Juives, la Guerre des Juifs contre Rome et son Autobiographie sont écrits en mauvais grec, soit maladroitement composés, soit mal traduits; ses écrits sont en grec des évangiles, c'est-à-dire une langue grecque avec une syntaxe araméenne qui peut induire des contre sens... d'autant plus que l'usage des prépositions y sont souvent fantaisistes.
Voyons donc maintenant les passages de Flavius Josèphe relatif au tétrarque Lysanias.
Lysanias est mentionné quand Agrippa Ier devint roi de Judée en 38.
Il [Caius Caligula] s'empressa de donner à Agrippa tout le royaume qu'avait possédé son aïeul, en y joignant, hors des frontières, la Trachonitide et l'Auranitide, dont Auguste avait fait présent à Hérode, en outre un autre territoire dit «royaume de Lysanias». [Guerre, II, XI, 5.]
Cependant, peu de jours après, il [Caius Caligula avant qu'il ne devienne fou] le [Hérode Agrippa Ier] manda près de lui, le fit tondre et lui fit changer de vêtements; puis il lui mit le diadème sur la tête et le nomma roi de la tétrarchie de Philippe en lui faisant cadeau de celle de Lysanias; en échange de sa chaîne de fer, il lui en donna une d'or de poids égal, et il envoya Marcellus comme vice-roi en Judée. [Antiquités, XVIII, VI, 10.]
Mais aussi, après la mort de Caligula et à l'avènement de Claude:
Après s'être débarrassé de tous les soldats qui lui étaient suspects, Claude publia un édit où il confirmait à Agrippa [Ier] le pouvoir que lui avait donné Caius et où il couvrait le roi d'éloges; il ajoutait même à ses possessions toute la Judée et le pays de Samarie qui avaient fait partie du royaume d'Hérode son grand-père. Il lui rendait cela à titre de bien qui lui était dû en raison de sa naissance. Il y ajouta encore Abila de Lysanias et toute la montagne du Liban, et il conclut avec Agrippa un traité au milieu du forum de la ville de Rome. [Antiquités, XIX, V, 1.]
Enfin, lorsque Claude finit par confirmer certaines possessions d'Agrippa II (les Romains avaient soupçonné Agrippa Ier de préparer une révolte contre Rome, ce qui était certainement exact.)
Après ces événements [un conflit entre Juifs et Samaritain qui eut lieu en 50–51.], Claude envoie Félix, frère de Pallas, comme procurateur de la Judée, de Samarie, de la Galilée et de la Pérée: il donne à Agrippa un royaume plus considérable que Chalcis, à savoir le territoire qui avait appartenu a Philippe et qui se composait de la Trachonitide, de la Batanée et de la Gaulanitide, en y ajoutant le royaume de Lysanias et l'ancienne tétrarchie de Varus. [Guerre, II, XII, 8.]
Claude envoya ensuite Félix, frère de Pallas, pour s'occuper des affaires de Judée. Après avoir accompli sa douzième année de principat, il donna à Agrippa la tétrarchie de Philippe et la Batanée, en y ajoutant la Trachonitide et Abila, c'est-à-dire la tétrarchie de Lysanias, mais il lui enleva Chalcis qu'il avait gouvernée pendant quatre ans. [Antiquités, XX, VII, 1.]
Tous ces passages ne sont pas aussi mystérieux que veulent le croire certains, la clé est simplement dans la mention d'Abila de Lysanias. Pourquoi Abila de Lysanias? Tout simplement parce qu'il s'agit pour Flavius Josèphe de distinguer cette Abila des deux autres Abila. En effet, en Jordanie actuelle, il existe deux villes qui, anciennement, s'appelaient Abila. La première Abila se trouvait dans l'ancienne Décapole, proche du Lac de Tibériade et s'appelle actuellement Quwayliba, et est parfois confondue avec la cité de Raphana. La seconde Abila se trouvait dans l'ancienne Pérée et s'appelle actuellement Abil az-Zayt. Il s'agit dans les deux cas, du moins actuellement, de hameaux plus que de villes. Ces trois Abila ne sont séparées entre elles que par quelques dizaines de kilomètre; il faut donc des noms secondaires afin de les distinguer. Pour l'Abila en question, ce sera le nom de son ancien roi, Lysanias. L'Antiquité nous offre d'autres exemples de villes aux même noms, par exemple Césarée. Il y a la principale Césarée, en Israël, puis il y a la Césarée de Cappadoce, aujourd'hui Kayseri en Turquie et la Césarée de Philippe, aujourd'hui Baniyas dans le Golan; il en existe encore d'autres.

Notons rapidement des points fondamentaux, les évangélistes sont très mal renseignés sur l'historicité de Jésus en Galilée qu'ils connaissent très mal. Par exemple, pour l'exorcisme du démon légion qui sont envoyé dans un troupeau de porcs qui iront se jeter dans le Lac de Tibériade, ils disent que l'action s'est passée à Gadara chez Matthieu qui est à 7 km du Lac de Tibériade, belle trotte donc pour le troupeau de porcs, et à Gérasa chez Marc et Luc qui est à 50 km du Lac de Tibériade. Dans les trois cas, les apôtres montrent qu'ils ne connaissent pas la Galilée.

Nous allons mentionner deux autres confusions historiques chez Luc, mais dans les Actes des Apôtres, cette fois.
Il y avait dans l’Église d’Antioche des prophètes et des docteurs: Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul. [Actes 13, 1.]
Les deux personnages que nous allons examiner sont Lucius de Cyrène et Manahen. Notons juste sur ce dernier que le Codex Bezæ (Ve siècle) a:
Manahen d'Hérode, également frère de lait du tétrarque.
Lucius de Cyrène n'est pas documenté par Flavius Josèphe, mais il n'est pas un inconnu, c'est le nom du chef des insurgés juifs de Cyrénaïque pendant la Révolte des Communautés en 115–118, Lucius de Cyrène s'était proclamé messie et fut crucifié par les Romains vers 116.
Voici au moins qui éclaire sur les origines zélotes du mouvement chrétien. En effet, on sait que les Romains utilisent plusieurs noms pour désigner les insurgés juifs des différentes guerres, et l'un de ces noms est celui de «chrétien», parce qu'ils attendent le messie ou le christ. On a retrouvé dans d'anciens codex de la Bible (IIIe–IVe) siècle des mentions alternatives, les chrétiens ne s'appelant christianos (du messie donc), mais chrestianos (partisan du bon); mais l'expression est trop marcionite et fut grattée et réécrite dans des manuscrits.

Venons-en à Manahem. Ce dernier est mentionné par Flavius Josèphe mais il est en rapport non avec le tétrarque Hérode, mais avec le roi Hérode le Grand; voyons ce qu'il dit:
Il y avait parmi les Esséniens un certain Manahem, d'une honnêteté éprouvée dans la conduite de sa vie, et qui tenait de Dieu le don de prévoir l'avenir. Un jour qu'Hérode, alors enfant, allait à l'école, cet homme le regarda attentivement et le salua du titre de roi des Juifs. Hérode crut que c'était ignorance ou moquerie et lui rappela qu'il n'était qu'un simple particulier. Mais Manahem sourit tranquillement et lui donnant une tape familière: «Tu seras pourtant roi, lui dit-il, et tu régneras heureusement, car Dieu t'en a jugé digne. Et souviens-toi des coups de Manahem, et que ce soit pour toi comme un symbole des revirements de la fortune. Ce te serait, en effet, un excellent sujet de réflexions, si tu aimais la justice, la piété envers Dieu, l'équité à l'égard des citoyens; mais, moi qui sais tout, je sais que tu ne seras pas tel. Tu seras heureux comme personne ne l'a été, tu acquerras une gloire immortelle, mais tu oublieras la piété et la justice, et cet oubli ne saurait échapper à Dieu; sa colère s'en souviendra à la fin de ta vie.» Sur le moment Hérode ne fit pas grande attention à ces prédictions, n'ayant aucun espoir de les voir se réaliser; mais quand il se fut élevé peu à peu jusqu'au trône et à la prospérité, dans tout l'éclat du pouvoir, il fit venir Manahem et l'interrogea sur la durée de son règne. Manahem ne lui en dit pas le total; comme il se taisait, Hérode lui demanda s'il régnerait dix ans. Manahem répondit oui, et même vingt, et trente, mais n'assigna aucune date à l'échéance finale. Hérode se déclara cependant satisfait, renvoya Manahem après lui avoir donné la main, et depuis ce temps honora particulièrement tous les Esséniens. J'ai pensé que, quelque invraisemblance qu'il y ait dans ce récit, je devais le faire à mes lecteurs et rendre ce témoignage public à mes compatriotes, car nombre d'hommes de cette espèce doivent au privilège de leur vertu d'être honorés de la connaissance des choses divines.
Ce Manahem est identifié au prédécesseur de Shammay au Sanhédrin et fut un des zougot avec le patriarche Hillel.
Comme on le voit Luc cherchait un nom à ajouter pour donner quelque crédibilité à son église et il se souvint de Manaham le condisciple d'Hérode; il a juste oublié qu'il s'agissait du roi Hérode et non d'Hérode le Tétrarque.

Venons-en à la troisième errance historique de Luc. Le passage concerne Étienne qui a été mis en accusation devant le Sanhédrin et Gamaliel l'Ancien prend sa défense en disant ce qui suit:
Hommes Israélites, prenez garde à ce que vous allez faire à l’égard de ces gens. Car, il n’y a pas longtemps que parut Theudas, qui se donnait pour quelque chose, et auquel se rallièrent environ quatre cents hommes : il fut tué, et tous ceux qui l’avaient suivi furent mis en déroute et réduits à rien. Après lui, parut Judas le Galiléen, à l’époque du recensement, et il attira du monde à son parti: il périt aussi, et tous ceux qui l’avaient suivi furent dispersés. Et maintenant, je vous le dis ne vous occupez plus de ces hommes, et laissez-les aller. Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir combattu contre Dieu. [Actes des Apôtres 5, 35–39.]
Ces événements se sont déroulés vers 35.
Theudas est mentionné par Flavius Josèphe qui dit de lui:
Pendant que Fadus était procurateur de Judée, un magicien nommé Theudas persuada à une grande foule de gens de le suivre en emportant leurs biens jusqu'au Jourdain; il prétendait être prophète et pouvoir, à son commandement, diviser les eaux du fleuve pour assurer à tous un passage facile. Ce disant, il séduisit beaucoup de gens. Mais Fadus ne leur permit pas de s'abandonner à leur folie: il envoya contre eux un escadron de cavalerie qui les surprit, en tua beaucoup et en prit beaucoup vivants. Quant à Theudas, l'ayant fait prisonnier, les cavaliers lui coupèrent la tête et l'apportèrent à Jérusalem. Voilà donc ce qui arriva aux Juifs pendant le temps où Cuspius Fadus fut procurateur. [Antiquités, XX, V, 1.]
Ces événements se sont déroulés vers 43–45.
Judas le Galiléen est aussi mentionné par Flavius Josèphe qui dit:
On lui [à Quirinius] avait adjoint Coponius, personnage de l'ordre équestre, qui devait gouverner les Juifs avec pleins pouvoirs. Quirinius vint aussi dans la Judée, puisqu'elle était annexée à la Syrie, pour recenser les fortunes et liquider les biens d'Archelaüs. Bien que les Juifs se fussent irrités au début à l'annonce de la déclaration des fortunes, ils renoncèrent à résister davantage, sur les conseils du grand pontife Joazar, fils de Boéthos. Persuadés par ses paroles, ils déclarèrent leurs biens sans plus d'hésitation. Mais un certain Judas le Gaulanite, de la ville de Gamala, s'adjoignit un Pharisien, Saddok, et se précipita dans la sédition. Ils prétendaient que ce recensement n'amenait avec lui rien de moins qu'une servitude complète et ils appelaient le peuple à revendiquer sa liberté; car, disaient-ils, s'il leur arrivait de réussir, ce serait au bénéfice de la fortune acquise, et s'ils étaient frustrés du bien qui leur restait, ils obtiendraient du moins l'honneur et la gloire d'avoir montré de la grandeur d'âme d'ailleurs, la divinité collaborerait de préférence à la réussite de leurs projets si, épris de grandes choses, ils n'épargnaient aucune peine pour les réaliser. [Antiquités, XVIII, I, 2.]
Et:
La quatrième secte philosophique eut pour fondateur ce Judas le Galiléen. Ses sectateurs s'accordent en général avec la doctrine des Pharisiens, mais ils ont un invincible amour de la liberté, car ils jugent que Dieu est le seul chef et le seul maître. Les genres de mort les plus extraordinaires, les supplices de leurs parents et amis les laissent indifférents, pourvu qu'ils n'aient à appeler aucun homme du nom de maître. Comme bien des gens ont été témoins de la fermeté inébranlable avec laquelle ils subissent tous ces maux, je n'en dis pas davantage, car je crains, non pas que l'on doute de ce que j'ai dit à leur sujet, mais au contraire que mes paroles ne donnent une idée trop faible du mépris avec lequel ils acceptent et supportent la douleur. Cette folie commença à sévir dans notre peuple sous le gouvernement de Gessius Florus, qui, par l'excès de ses violences, les détermina à se révolter contre les Romains. Telles sont donc les sectes philosophiques qui existent parmi les Juifs. [Antiquités, XVIII, I, 2.]
Ces événements se sont déroulés vers 6.

Notons la succession d'anachronismes: Gamaliel parle peu après la mort de Jésus vers 35 donc, et dit qu'il n'y a pas longtemps parut Theudas qui vivait en 44, donc 10 ans après le discours de Gamaliel, alors que pour lui Theudas est dans le passé. Notons enfin que Judas le Galiléen qui agissait vers 6 est considéré comme postérieur à Theudas qui agissait en 44...

Ces mentions de Gamaliel prouve à nouveau que les évangélistes sont de piètres historiens et qu'ils utilisent Flavius Josèphe.

— Stephan HOEBEECK







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire