lundi 3 août 2015

Pourquoi Marcion a-t-il cru que Jésus n'avait pas de naissance humaine?

Marcion, vers 140–145, publie son évangile, l'Évangile de Marcion. On suppose assez souvent que Marcion serait le concepteur du mot «Évangile», cette information est difficile à comprendre, il faudrait alors supposer que les quatre évangiles se seraient intitulés, dans un premier temps, Vie et paroles de Jésus, voire, mais c'est encore plus improbable, qu'ils se seraient intitulés Testament de Jésus. On oublie un peu trop souvent que si le mot grec εὐαγγέλιον (euaggèlion) signifie fondamentalement «Bonne Nouvelle», et encore plus précisément «sacrifice offert à l'occasion d'une bonne nouvelle», il pourrait aussi avoir le sens de «Bon ange», mais l'étude de ce sens particulier sera développé ultérieurement. Cette bonne nouvelle est, pour les chrétiens, la délivrance de la mort, ce qui est étrange puisque nous mourrons toujours; mais il est vrai que la mort sera suivie d'une résurrection. Pour Marcion, la bonne nouvelle, ce n'est ni la mort de la mort ni la résurrection, mais la brisure du monde illusoire lors de la mort de Jésus. Jésus ne ressuscite pas pour Marcion, il est simplement libéré de l'illusion du démiurgique, et la bonne nouvelle réalisée par cette libération, c'est que, tous, nous pouvons connaître cette libération. D'abord, on ne remarque pas assez les accointances bouddhistes des concepts marcionites. En effet, pour Marcion le monde ne fut pas créé par le Dieu Bon, mais par un démiurge appelé YHWH. Ce démiurge est un personnage important de la hiérarchie divine, et constatant les merveilles créées par le Dieu Bon, il décide de l'imiter et de créer un univers qui serait censément aussi parfait que celui du Dieu Bon. Dans la réalité, sa création sera un échec, il ne parvient qu'à fabriquer un monde fragile et imparfait, peuplé de créatures défectueuses. Constatant les innombrables défauts de son œuvre, le démiurge a une idée assez géniale, il va donner aux créatures la Loi avec ses obligations et ses interdits, afin de limiter les dégâts dans son œuvre. «Mais la Loi ne sauve pas l'homme» — thème qui se retrouvera dans les épîtres de Paul en insistant sur la différence de la loi qui ne sauve pas, alors que Jésus sauve par sa mort.
Le Dieu Bon ne restera néanmoins pas indifférent à la souffrance des créatures et décidera d'intervenir directement auprès de nous, en se revêtissant d'une chair illusoire, c'est Jésus. Jésus sera mis à mort par le pouvoir, c'est-à-dire les instruments du démiurge. La mise à mort du corps de chair permet à l'homme de retrouver sa condition primordiale. Il est étrange que tout cela soit très bouddhiste. Le Dieu Bon ressemble au dharmakaya dont l'activité incessante consiste en la compassion, Jésus correspond à un nirmanakaya, un corps magique que les bouddhas utilisent pour venir en aide aux créatures illusionnées par l'existence d'un ego. Le démiurge devient une simple personnification du karma qui emprisonne les êtres.
Lorsque Marcion publie son évangile, conforme à celui de Luc, il le fait néanmoins commencer à l'actuel chapitre IV de Luc, au verset 16 pour être précis, qui dit ceci (il remplace Nazareth par Bethsaïde):
Il se rendit à Nazareth/Bethsaïde, où il avait été élevé, et, selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture, etc.
Il convient de considérer que Marcion a supprimé les péricopes qui précèdent. Si d'après l'ordre de l'Évangile de Luc, cette péricope succède aux tentations, dans les autres évangiles cette péricope est beaucoup plus tardive, et on ne sait trop pourquoi Luc l'a mise juste après les tentation. Cette péricope  trouve sa correspondance dans les évangiles de Matthieu (Mt. 13, 53–58) et de Marc (6, 1–6), bien après la guérison de la fille de Yaïr, par exemple. Néanmoins dans Luc, elle correspond à la première action publique de Jésus. De cela on doit déduire que, pour Marcion, ce qui précède cette péricope, ce sont les Tentations qu'il a supprimé, il a supprimé tout ce qui les précède. 
Voyons les péricopes supprimées par Marcion dans les synoptiques, l'Évangile de Jean ayant une histoire littéraire complexe faite d'écritures et de réécritures (il pourrait provenir de certains passages issus de la version longue de Marc dont deux fragments ont été retrouvés par le professeur Morton Smith, dont un qui reprend la résurrection de Lazare):

  1. Généalogie de Jésus d'après Matthieu (Matthieu 1, 1–17)
  2. Préface de Luc (Luc 1, 1–4)
  3. Annonce de Jean le Baptiste à Zacharie (Luc 1, 5–25)
  4. Annonce à Marie (Luc 1, 26–38)
  5. Annonce à Joseph (Matthieu 1, 18–25)
  6. Visite de Marie à Élisabeth (Luc 1, 39–56)
  7. Naissance de Jean (Luc 1, 57–80)
  8. Naissance de Jésus (Matthieu 2, 1a et Luc 2, 1–7)
  9. Les Bergers (Luc 2, 8–20)
  10. Les Mages (Matthieu 2, 1b–12)
  11. Fuite en Égypte (Matthieu 2, 13–22a)
  12. Jésus au Temple, dont circoncision, Siméon, Anne (Luc 2, 21–38)
  13. À Nazareth (Matthieu 2, 22b et Luc 2, 39–40)
  14. Voyage à Jérusalem (Luc 2, 21–52)
  15. Jean le Baptiste, dont arrestation et baptême de Jésus (Matthieu 3, 1–17; Marc 1, 1–11; Luc 3, 1–22)
  16. Généalogie de Jésus d'après Luc (Luc 3, 23–38)
  17. Tentations et retour en Galilée (Matthieu 4, 1–11; Marc 1, 12–15; Luc 4, 1–15)

Que Marcion ait supprimé la présentation de Jean le Baptiste et les Tentations de Jésus est normal; pour Marcion Jean le Baptiste n'a rien à voir avec Jésus, quant aux tentations il les rejette, parce que Jésus utilise la Loi (Deutéronome) pour se défendre contre Satan, donc les points 15 et 16. Mais on ne peut exclure que les Tentations furent rédigées postérieurement à Marcion à partir de sources diverses.
On doit bien comprendre la thèse de Marcion:
Jésus est le Dieu Bon apparu spontanément à l'époque de Tibère.
Les Pères de l'Église ont accusé Marcion d'avoir supprimé les parties sur la naissance de Jésus, sa jeunesse pour affirmer sa thèse que Jésus n'avait pas de naissance humaine.
Or, cela suppose que les quatre évangiles dont Marcion s'est emparé étaient conformes à ceux actuels, ce qui est moins que certains.
Les synoptique offrent ainsi une convergence importante, excepté quelques points qui sont justement ceux traités par premiers chapitres I et II de Matthieu et Luc, et il convient de se demander si les évangiles que Marcion eut en main contenaient bien ces parties préliminaires, c'est-à-dire les points 1 à 14 et 16.
D'abord les convergences des synoptiques sont plus faciles à expliquer par une rédaction commune (les rédacteurs de Matthieu, de Marc et de Luc travaillant en commun), plutôt que par l'utilisation de sources communes; les divergences entre évangiles, dans le cadre d'une rédaction commune, sont alors un simple artifice littéraire destiné à augmenter la crédibilité des témoignages. Une telle rédaction commune permet de comprendre leurs convergences (il s'agit de rester proche), comme leurs divergences (pas trop proche quand même, de manière à maintenir en éveil l'attention des lecteurs).
Il convient d'éliminer les deux généalogies, elles sont divergentes, les noms après Zorobabel sont fantaisistes et ceux avant Zorobabel ne sont pas pleinement conformes à la tradition biblique, ils ne furent donc même pas capables de lire correctement une Bible. Ces généalogies visent surtout à attester l'origine humaine de Jésus, elles peuvent donc avoir été écrites à cause de Marcion et postérieurement à sa publication des évangiles. Que Marcion n'ait pas connu les généalogies est plus que vraisemblable, ce qui élimine les points 1 et 16. Reste les points 2 à 14 et qui ne concernent plus que Matthieu et Luc.
Un peu avant que Marcion ne publie son évangile, un autre évangile avait été composé, il s'agit du Proto-Évangile de Jacques qui date aussi des années 130–140. Or, on retrouve des éléments de cet évangile dans plusieurs points des parties préliminaires de Matthieu comme de Luc.
Les Mages et la fuite en Égyptes (Matthieu 2, 1–22a) furent influencés par les chapitres XXI et XXII du Proto-Évangile de Jacques, ce qui élimine les points 8, 11 et 12.
Les annonces à Marie et à Joseph ont subi l'influence rédactionnelle des chapitres XI, XIII et XIV du Proto-Évangile de Jacques, ce qui élimine encore que les évangiles que Marcion obtint contenaient les points 4 et 5.
Les Bergers contient des réminiscences du Chapitre XIX du Proto-Évangile de Jacques, mais les effets luminescents sont vus par la sage-femme qui accouche Marie, devenue des Bergers chez Luc.
La naissance de Jésus fut influencée par les chapitres XVII et XVIII du Proto-Évangile de Jacques fortement par Luc, tandis que Matthieu est resté prudent, et c'est normal, il suffisait de se renseigner un tant soi peu pour découvrir que le recensement ordonné par Auguste fut fait dix ans après la mort d'Hérode, et que Jésus est né, d'après Matthieu, avant la mort d'Hérode; Luc, par contre, préfère confirmer que Jésus est bien né pendant le recensement et élimine les passages relatifs aux Mages. 
La circoncision de Jésus et sa consécration proviennent de la tradition juive, que d'ailleurs Luc n'a pas compris, ainsi Jésus en tant que Davidide (descendant du roi David, de la tribu de Juda, doit être racheté, il n'aurait été consacré que s'il est un descendant d'Aaron, c'est-à-dire un Qohen fils de Qohen). Siméon est mentionné dans le Proto-Évangile de Jacques qui ne cite pas ses sources, et qui est en réalité Siméon l'Essénien; un prophète mentionné par Flavius Josèphe. Quant à Anne la prophétesse, une veuve, il n'est pas compliqué d'y reconnaître Anne la mère de Marie qui sert au Temple dans le Proto-Évangile de Jacques.
La visite de Marie à Élisabeth est décrite dans le Chapitre XII du Proto-Évangile de Jacques.
Quant à Jésus enseignant au Temple, Flavius Josèphe raconte la même histoire à son propos dans son Autobiographie, et lui-même pourrait s'inspirer d'une biographie de Pythagore.
Reste le problème de Zacharie qui est mentionné dans les Chapitre VIII, X, XXIII et XXIV du Proto-Évangile de Jacques. Ces passages sont problématiques, parce que dans le chapitre X, on a l'impression que le Proto-Évangile de Jacques résume ce que Luc écrit et développe dans les versets 5–25 de son évangile; alors que dans tous les autres cas, ce sont Luc et Matthieu qui semblent utiliser le Proto-Évangile de Jacques. En effet à la fin du chapitre X, on lit:
Et la vraie pourpre et l'écarlate échurent à Marie par le sort, et les ayant reçus, elle alla en sa maison. Et, dans ce même temps, Zacharie devint muet et Samuel prit sa place. Jusqu'à ce que Zacharie t'adressa derechef la parole, ô Marie. Et Marie, ayant reçu la pourpre et l'écarlate, se mit à filer.
Le lecteur est donc censé savoir pourquoi Zacharie est devenu muet, ce qui ne peut-être le cas que si l'auteur du Proto-Évangile de Jacques connaît les versets 5–25 du chapitre I de Luc. Dans le chapitre VIII, Zacharie est mentionné sans préciser sa nature de père de Jean le Baptiste, ce que le rédacteur du Proto-Évangile de Jacques sait parfaitement puisque dans les chapitres XXIII–XXIV, Zacharie est exécuté par ordre d'Hérode, parce que Jésus et les Mages lui ont échappé; il veut donc tuer Zacharie et son fils Jean-le-Baptiste, qui sera sauvé par sa mère Élisabeth qui fuira dans le désert (à Qumran?), mais c'est une autre histoire. 

Il semble donc que Marcion a éliminé volontairement les points suivants: 
  • Jean le Baptiste, dont arrestation et baptême de Jésus (Matthieu 3, 1–17; Marc 1, 1–11; Luc 3, 1–22)
  • Tentations et retour en Galilée (Matthieu 4, 1–11; Marc 1, 12–15; Luc 4, 1–15)
Mais que l'évangile qu'il reçu ne contenait pas les parties préliminaires suivantes qui devaient encore être en cours de rédaction.
1. Inspirée par Flavius Josèphe:
  • Voyage à Jérusalem (Luc 2, 21–52)
2. Inspirées par le Proto-Évangile de Jacques:
  • Annonce à Marie (Luc 1, 26–38)
  • Annonce à Joseph (Matthieu 1, 18–25)
  • Visite de Marie à Élisabeth (Luc 1, 39–56)
  • Naissance de Jésus (Matthieu 2, 1a et Luc 2, 1–7)
  • Les Bergers (Luc 2, 8–20)
  • Les Mages (Matthieu 2, 1b–12)
  • Fuite en Égypte (Matthieu 2, 13–22a)
  • Jésus au Temple, dont circoncision, Siméon, Anne (Luc 2, 21–38)
  • À Nazareth (Matthieu 2, 22b et Luc 2, 39–40)
3. Inspirées par une source inconnue, mais absente de la version de Marcion.
    • Généalogie de Jésus d'après Matthieu (Matthieu 1, 1–17)
    • Généalogie de Jésus d'après Luc (Luc 3, 23–38)
    Passages qui ne proviennent pas d'une source d'inspiration connue et qui étaient connues du rédacteur du Proto-Évangile de Jacques:
    • Préface de Luc (Luc 1, 1–4)
    • Annonce de Jean le Baptiste à Zacharie (Luc 1, 5–25)
    • Naissance de Jean (Luc 1, 57–80)
    Si cette hypothèse est exacte alors, Marcion, quand il supposa que Jésus était sans naissance humaine, avait peut-être raison de le supposer sur base des textes qu'il détenait et dans lesquels, il pouvait lire l'Annonce de la naissance de Jean le Baptiste (Luc 1, 5–25) et sa naissance (Luc 1, 57–80), mais que rien n'indiquait des origines humaines à Jésus. 
    Cela confirme aussi que les évangiles tels qu'ils sont parvenus jusqu'à maintenant sont 1. une œuvre littéraire 2. dont la rédaction est tardive, ne circulant que confidentiellement dans un groupe très restreint de personnes. On peut assez facilement comprendre que la version du Nouveau Testament dont Marcion s'empara en 138 ne contenait pas encore les parties sur l'enfance. Luc et Matthieu devaient encore travailler sur leurs évangiles, ils se sont inspirés différemment du Proto-Évangile de Jacques, Matthieu retenant les mages et Luc retenant la naissance à l'époque du recensement de la Judée. Le Proto-Évangile de Jacques est une maquette littéraire qu'un des rédacteurs du Nouveau Testament conçu et qui devait inspirer Matthieu et Luc qui ne bénéficiaient peut-être pas de sources claires pour déterminer les origines de Jésus, à moins que l'Esprit Saint ne soit tombé en panne sèche. On ignore aussi, si les origines de Pierre étaient déjà présentes dans les évangiles. 

    Il convient de se demander, si Marcion eut bien connaissance de quatre évangiles, les synoptiques et celui de Jean, ou s'il eut seulement connaissance des trois synoptiques? À cette question, nulle réponse, malheureusement. Néanmoins, on ne peut exclure que la question de la date de la mort de Jésus n'était pas encore tranchée entre rédacteurs, on sait que Jean fait mourir Jésus pendant l'après-midi, alors qu'a lieu le sacrifice pascale, alors que les synoptiques le font mourir le lendemain du sacrifice pascale. Il est donc probable que la publication par Marcion de son évangile, força les chrétiens à réagir et à publier leur propre version des quatre évangiles, avant qu'elle ne soit expurgée de leurs divergences: 

    • les deux généalogies
    • les origines de Pierre
    • le moment de la mort de Jésus, pendant le sacrifice pascale ou le lendemain.
    • Jésus est-il l'incarnation du Logos (Jean) ou l'incarnation de l'Esprit Saint, voire adopté par l'Esprit Saint lors de son baptême (synoptiques).

    Ces divergences entre Logos et Esprit Saint, incarnation et adoption sont à l'origine de vifs débats, dont celui de la Trinité.



    Pour le  en français, on peut le trouver ici:



    6 commentaires:

    1. Cet article semble ignorer la façon dont l’Évangile s'est répandu dans le premier siècle. Car il est flagrant que la première diffusion a d'abord été orale, par le truchement des 12 témoins («depuis son baptême jusqu'à sa résurrection»). Par exemple, dans l'épître aux Hébreux (écrite avant la destruction du Temple, donc avant la naissance de Marcion) il est déjà clairement question d'une généalogie davidique du Seigneur (Heb. 7 ; 14.). La compilation des évangiles écrits n'est venue que bien après les traditions orales du témoignage des 12, probablement quand ils ont commencés à décéder les uns après les autres et que les disciples ont compris que le Seigneur ne reviendrait pas aussi vite qu'ils le pensaient.

      En fait le problème de Marcion n'est pas tellement celui d'une éventuelle ignorance de certains détails sur la vie de Jésus, mais trouve plutôt son origine dans une incapacité spirituelle à comprendre le passage de l'Ancienne à la Nouvelle Alliance. Il prétend suivre l'apport de l'apôtre Paul, mais il en ignore les sources scripturaires, car toute la théologie paulinienne est précisément fondées sur les écrits juifs (Actes 26 ; 22.). Le fait que dans cette phrase Paul cite étonnamment les prophètes AVANT Moïse peut même laisser entendre qu'il fait allusion à des prophètes qui ont précédés l'établissement de la Loi (comme Hénoch et les douze patriarches par exemple). Plusieurs de ces prophéties non canoniques parlent précisément d'une double lignée du Seigneur (Davidique ET Aaronique).

      Le problème du catholicisme qui s'est opposé à Marcion, c'est qu'il est resté sur le même terrain abusif, avec l'établissement arbitraire d'un canon qui éliminait tout ce qui n'était pas dans la ligne théologique défendue. Et pour soutenir ces abus de pouvoir, il a fallu établir des dogmes, ce que les Écritures Inspirées n'avaient jamais fait. C'est toujours le même apport extérieur qui prétend prendre la place de la révélation intérieure qui est pourtant la seule qui confirme les Écrits Inspirés et leur fournit leur sens spirituel en donnant la Vie.

      En conclusion, Marcion comme les dogmes catholiques en sont revenus (sans en être conscients) tous les deux aux dynamiques de l'Ancienne Alliance d'une loi extérieure qui condamne celui qui y est confronté et qui est brisée, car impossible à appliquer de cette façon, alors que le Nouvelle Alliance met cette Loi/Esprit à l'intérieur du cœur, ce qui permet de la mettre en pratique.

      Toutes ces manoeuvres cléricales pour essayer de faire tenir debout un « vélo qui n'avance pas », alors que dès qu'il est en mouvement il s'équilibrera de lui-même. De la même manière, les dogmes et les canons ont essayés vainement et laborieusement de remplacer la Vie de l'Esprit... et ils sont restés sous le joug de l'Ancienne Alliance. Car en négligeant les Textes Anciens, ils sont incapables de comprendre l'annonce de la Nouvelle Alliance qui y était cachée et que le Christ a révélée aux témoins de sa résurrection (Luc 24 ; 25-27.).

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    2. Je ne pense qu'en monde universitaire personne ne soutient l'ancienneté de l'épître aux hébreux, elle offre de nombreux parallèles stylistiques avec l'épître aux Corinthiens de Clément de Rome, elle-même datée de 95... Datation que je conteste, ces deux épîtres datent au mieux des années 140–150...

      Sur la dogmatisation de l'Église catholique comme de Marcion, je suis d'accord... c'est malheureux mais c'est comme cela...

      Les témoignages sont très importants, malheureusement, nous n'avons pas les originaux, nous avons les copies telles qu'elles existaient vers 150–160, et ces copies sont des copies de copies de copies de copie des copie. Maintenant, si vous voulez croire que les évangiles tels que nous les connaissons datent des années 40, libre à vous, reste plus à expliquer pourquoi les évangiles contiennent des citations de Pétrone, Flavius Josèphe, etc. et des allusions à la première guerre judéo-romaine (66–70), à la révolte de qitos (115–118) et même à la seconde guerre judéo-romaine de (132–135)

      Personnellement mon hypothèse de lecture des évangiles est simple.
      Le monde juif s'est effondré quand le IIe Temple fut détruit, des hommes ont lutté pour le reconstruire sur de nouvelles bases: ceux qui étaient les plus juifs, ont généré le judaïsme rabbinique et ceux qui étaient les plus déjudaïsés le christianisme.

      Je ne suis pas mythiste, mais je ne crois pas dans Jésus au sens où vous l'entendez (démentez-moi si j'ai tort). En fait, pour moi les évangiles sont avant tout des textes liturgiques, ce sont des aggadah, des histoires qui racontent à quoi la chose ressemble... le christianisme prend l'emballage pour la réalité. Par exemple, plusieurs passages, de la Bible hébraïque montrent que Moïse est critiqué, quasi ridiculisé, ces passages sont simple à comprendre, ils visent les Juifs qui déifièrent Moïse, il n'est aucun homme qui ne doit être placé sur les autels, ni Moïse, ni Jésus, ni personne...

      Souvent je dis que Jésus n'a pas existé, mais que puis-je faire d'autre? Pour moi, il est un homme pas davidien, mais un prêtre du Temple qui s'est révolté contre Qaïphe lors du transfert de la hanuth (il s'agit du marché des viandes qui siégeait sur le mont des oliviers, et qui fut finalement exécuté par Ponce Pilate corrompu par Qaïphe. Cet homme était un sage, comme tous les sages, Dieu l'a ressuscité après sa mort et l'a transformé en ange, il n'est ni le premier ni le dernier, Hénoch, Moïse, Élie, le Maître de Justice et d'autres encore que nous ne connaissons pas... Nous n'avons d'ailleurs pas besoin de les connaître, si chaque sage que D. a ressuscité devait être adoré comme étant Lui, où irions-nous.

      Mais ce Jésus là est un accident littéraire, en réalité les évangiles enseignent une sagesse pour que l'homme arrive à trouver la lumière intérieure... je pense que c'est le principal message... En réalité Jésus est un exemple de ce que nous devons faire, et si nous faisons ce qu'il faut nous sommes adoptés par Dieu comme Jésus. Dans les évangiles, quand Jésus est baptisé une parole se fait entendre qui dit: Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j'ai mis toute mon affection (sur Isaïe 42, 1). Mais en réalité quand on lit les citations de ce passages chez Justin et les Pères avant 180, on se rend compte que dans les trois synoptique on lisait la parole: Tu es mon fils, aujourd'hui, je t'ai engendré... (cette formule ne fut conservée que par Luc et encore pas dans tous les manuscrits) Je vous laisse avec cette conclusion...

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    3. Vous parliez des 12 témoins, or vous ne voyez pas à quel point vous êtes déjà dans le discours construit sur Jésus. Lorsqu'on essaie de remonter à l'enseignement original du christianisme donc vers 35, on se rend compte que le premier christianisme n'attachait pas d'importance à la mort et à la résurrection de Jésus, ce sont les pagano-chrétiens qui s'y sont attachés à une époque bien plus tardive, et c'est normal, pour les païens, on leur disait en permanence que les empereurs quand ils mouraient devenaient des dieux... vous ne vous rendez pas compte qu'en vous attachant à cette histoire de résurrection vous vous attachez à ce qui est le moins important... c'est-à-dire le christianisme paulien, bien plus tardif qu'on ne le croit... Si Jésus était réellement mort pour nos péchés pourquoi, avons-nous encore le péché originel en nous? La réalité c'est qu'on a déifié un homme et que cela reste une erreur majeure, peut-être pas en terme de croyants, mais en terme de brillance spirituelle j'en doute...

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    4. Je suis étonné par tes sources et les conclusions que tu en tires. Quelle machine extraordinaire avez-tu donc utilisée pour arriver à aller voir ce qu'était le véritable message de l'évangile en 35, et comment peux-tu affirmer que la résurrection du Sauveur n'en était pas le fondement et le moteur ?

      Cependant tu poses une question symptomatique concernant le « péché originel » et sa présence en toi. Je suppose que là, tu n'es pas dans la théorie mais bien dans une confrontation pratique avec le problème universel qui affecte tous les hommes non régénérés. Il est flagrant que tu n'as pas encore expérimenté personnellement l'affranchissement du péché, car il ne peut venir que par la foi au Christ-Jésus, mort pour le pardon de nos fautes et ressuscité pour notre libération, selon ce qu'annonçaient les prophètes et Moïse. Il semblerait donc que tu es malheureusement passé à côté du Don de Dieu et que tu es encore à gémir sous le pouvoir tyrannique du prince de ce monde.

      Personnellement, ma conversion date précisément de cette expérience merveilleuse de la libération de ce qui me rendait esclave de mes passions et de mes désirs tordus. Il y a plus de 32 ans que j'ai découvert que le Christ n'était pas un initié qui enseignait avec une grande sagesse, mais qu'Il était Lui-Même le Principe Libérateur exprimé de façon active, visible et audible par notre Créateur.

      Comme son Nom l'indique et comme les prophètes l'annonçaient, Jésus est l'Action Divine qui nous affranchit de ce qui nous rend esclaves. Il rend réellement libre celui qui Le reçoit. Contrairement à ce que tu sembles penser, les Écrits Inspirés ne sont pas au service d'une liturgie (qui n'a jamais libérée personne), mais ils sont simplement le témoignage de ceux qui ont annoncé ou rencontrés le Principe Libérateur venu s'incarner parmi nous et qui ont cru en Lui. Que ce témoignage oral ait plus tard été compilé et structuré selon différentes intentions pédagogiques n'enlève rien à la puissance initiale qui a poussé ces humains à rendre témoignage de ce qu'ils ont vu, entendu et touché personnellement. Le Souffle Divin passe au travers de ses pages pour libérer ceux qui s'humilient et qui croient.

      Je te souhaite d'en faire toi aussi l'expérience. Toute ta vision des Textes Sacrés en sera transformée et ta vie elle-même respirera la liberté en Jésus-Christ.

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    5. Je vais poser une question: est-ce que quelqu'un qui ne croit pas en Jésus-Christ, peut-il être libéré du pouvoir tyrannique du prince de ce monde?

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    6. Je peux témoigner de la délivrance que le Seigneur m'a accordée, mais il est évident que je ne peux parler que de mon expérience personnelle. Si tu expérimentes d'autres moyens pour échapper à l'esclavage du péché, il est important que tu les fasses connaître, sinon, il est préférable de se taire. Cependant, si nous écoutons dans la Bible les témoignages de ceux qui nous ont précédés dans cette dynamique de libération, il nous déclarent ensemble que YHWH est le seul Dieu juste et qui sauve et qu'il n'y a de salut en aucun autre (Es. 45 ; 21 – Actes 4 ; 12.).

      L'ensemble des Écrits Inspirés nous déclare que c'est uniquement dans le Nom de Jésus ( = YHWH sauve) que nous pouvons être rendus libres du pouvoir du prince de ce monde. C'est à prendre où à laisser. Moi, je l'ai pris et j'ai expérimenté que c'est une vérité libératrice.

      J'espère que tu sauras la saisir toi aussi.

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