mardi 4 août 2015

La laïcité en monde musulman ancien

La réforme de Luther a plongé l'Europe dans la guerre civile, ce n'était peut-être pas le but, mais ce fut le résultat. Des massacres succédaient à d'autres massacres: les victimes d'hier étaient les bourreaux du lendemain, et les victimes du lendemain étaient les bourreaux d'hier. Les peuples européens sont sortis écœurés de cette guerre civile.
Si on regarde l'Islam à ses débuts on constate une histoire similaire, la succession de Mahommed fut une catastrophe, Ali et Abu Bakr s'accusaient mutuellement de tronquer le Coran, les tensions devinrent échauffourées, les échauffourées devinrent guerre, la guerre devint totale et les massacres la norme. Bien vite, une troisième tendance émergea, le kharijisme, qui, lui-même, se subdivisa et deux écoles aux vues discordantes: la première estimait que le bébé d'un musulman était un apostat et donc devait être égorgé; l'autre tendance, dite «modérée», estimait qu'il ne devait être égorgé que s'il avait plus de deux ans. Face à cette folie, se développèrent deux écoles aux vues plus équilibrées, hélas aujourd'hui disparues: le murjisme et le mutazilisme.
Nous citons ici les articles de wikipédia qui résument leurs théologies.
D'abord le murjisme qui invoque en se servant de versets du Coran:
l'idée du jugement décalé. Seul Dieu peut juger, et jugera le jour du jugement dernier, ce qui est le vrai et le faux en Islam et personne ne peut juger qu'un autre est infidèle. Pour eux le libre arbitre est limité c’est-à-dire que l'homme est en partie contraint à ses actes. La foi suffit à sauver les pêcheurs de l'enfer, la foi étant plus important que les actes, que ce que les circonstances amènent à vivre. Jahm Ibn Safwân, mort en 746, et les jahmiyya accusaient les traditionalistes littéralistes d'être des anthropomorphistes. Jahm Ibn Safwân niait toute ressemblance entre Dieu et l'homme pour préserver la Transcendance absolue d'Allâh.
Et le mutazilisme qui met l'accent sur cinq principes:
  1. Le monothéisme (tawhid): Dieu ne peut être conçu par l'esprit humain. Ainsi, ils affirment que les versets du Coran décrivant Dieu comme étant assis sur un trône sont allégoriques. Les motazilites affirment que le Coran ne peut pas être éternel, mais a été créé par Dieu, sinon l'unicité de celui-ci serait impossible. Ils poussent leur conception allégorique à l'extrême et nomment leurs opposants anthropomorphistes.
  2. La justice divine (adl) : devant le problème de l'existence du mal dans un monde où Dieu est omnipotent, ils mettent en avant le libre arbitre des êtres humains et présentent le mal comme généré par les erreurs de ceux-ci. Dieu ne fait pas le mal et demande aux hommes de ne pas le faire non plus. Si les actes maléfiques d'un homme provenait de la volonté de Dieu, alors la notion de punition perdrait son sens car l'homme suivrait la volonté divine quels que soient ses actes. Le mutazilisme s'oppose donc à la prédestination.
  3. Promesse et menace (al-Wa'd wa al-Wa'id): ce principe regroupe les questions sur le dernier jour et le jour du jugement où Dieu récompensera, avec ce qu'il leur a promis, ceux qui lui ont obéi, et punira ceux qui ont désobéi avec la damnation et les feux de l'enfer.
  4. Le degré intermédiaire (al-manzilatu bayn al-manzilatayn): ce principe, qui a été le premier à distinguer les mutazilites, affirme que le musulman qui commet un grand péché (meurtre, vol, fornication, fausse accusation de fornication, etc.) ne doit être considéré, dans la vie d'ici-bas, ni comme croyant ou musulman (comme pensent les sunnites), ni comme mécréant (kâfir, comme pensent les khâridjites), mais plutôt dans un degré intermédiaire entre les deux. Si le pécheur se repent avant sa mort, il sera considéré à nouveau comme croyant. S'il ne se repent pas, il sera considéré comme mécréant et méritera l'enfer.
  5. Ordonner le bien et blâmer le blâmable (al-amr bil ma'ruf wa al-nahy 'an al munkar): ce principe permet la rébellion contre l'autorité, si celle-ci est injuste, comme un moyen d'empêcher le mal.
Ces deux écoles perdront leur influence à la fin du IXe siècle. Certes les guerres chiites-sunnites seront plus limitées et n'atteindront plus les proportions qu'elles eurent au VIIe–VIIIe siècle, sauf peut-être en Irak contemporain.
J'espère que la sagesse permettra l'émergence d'un néo-mutazilisme qui prendra de la force en monde musulman.
Nous allons publier ultérieurement quelques articles montrant les parallèles entre les textes esséniens et le Qoran montrant que l'Islam est issus des Judaïsants nazaréens, c'est-à-dire esséniens.

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