mercredi 1 juillet 2015

La chair et le sang de Jésus ou la Lumière et la Vie issues du Logos: aux origines de l'eucharistie.

L'Évangile de Jean ne mentionne pas le repas pascal des synoptique pour des raisons assez évidentes, puisque pour les synoptiques Jésus aurait été exécuté le lendemain du sacrifice pascal, alors que d'après Jean, il l'aurait été concomitamment au sacrifice pascal. Néanmoins en Jean 6, 25–54, nous lisons une longue discussion sur Jésus et sur le pain de vie. Nous pensons que les passages scabreux, parlant de manger la chair de Jésus et de boire son sang, sont des réécritures postérieures qui visèrent à affirmer que le Logos aurait eu une existence humaine, savoir Jésus.
Dans le prologue de Jean nous lisons:
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
Les textes issus de l'hermétisme juif qui fleurissait à Alexandrie au Ier–IIe siècle, nous éclairent davantage. En effet, nous pouvons lire dans le Poemandrès:
Or le Dieu Noûs étant mâle et femelle, puisqu’il existe comme vie & lumière, enfanta d’un logos un second noûs démiurgique qui, comme dieu du feu et du pneuma, façonna sept Gouverneurs enserrant de cercles le monde sensible — et leur gouvernement s’appelle la Fatalité.
Et:
Mais le noûs, Père de toutes choses, comme Il était vie & lumière, enfanta un homme son semblable, qu’Il se prit à aimer comme son propre enfant : c’est qu’il était très beau, puisqu’il était l’image de son père. Ainsi, c’est en réalité de sa propre forme que Dieu devint amoureux, et il lui remit toutes les œuvres qu’il avait façonnées.
Et:
Ainsi, comme je le disais, la naissance de ces Sept se produisit de la façon suivante : il y avait <une terre> femelle et une eau fécondante, et ce qui faisait mûrir était issu du feu. (Chacun) reçut alors son pneuma de l’éther et Nature produisit leurs corps selon la forme (eidos) d’homme. Alors, l'homme qui était vie & lumière, devint âme & intellect (Noûs) : âme à partir de la vie, Intellect (Noûs) à partir de la lumière, et toutes les choses du monde sensible demeurèrent ainsi jusqu’à la fin d’une révolution cosmique <et> au commencement des espèces.
Le corps ou le chair de Jésus, ainsi que son sang, correspondent respectivement à la Lumière et à la vie issues du Logos
Nous estimons donc que la composition des versets 6, 25–54 a été réécrite de manière profane, quand au véritable sens le voici:
25. [Et l’ayant trouvé au-delà de la mer, ils lui dirent : « Rabbi [Maître ou Seigneur], quand es-tu venu ici ? »] 26. le Logos [Jésus] leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. 27. Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau. » 28. Ils lui dirent : « Que devons-nous faire, pour faire les œuvres de Dieu ? » 29. Le Logos [Jésus] leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » 30. « Quel miracle fais-tu donc », lui dirent-ils, « afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Que fais-tu ? 31. Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur donna le pain du ciel à manger. » 32. Le Logos [Jésus] leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel ; 33. car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » 34. Ils lui dirent : « Seigneur, donne-nous toujours ce pain. » 35. Le Logos [Jésus] leur dit : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. 36. Mais, je vous l’ai dit, vous m’avez vu, et vous ne croyez point. 37. Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ; 38. car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. 39. Or, la volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. [Cela signifie que tout dans l’homme doit concourir au processus de la régénération.] 40. La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. » 41. [Les Juifs murmuraient à son sujet, parce qu’il avait dit : « Je suis le pain qui est descendu du ciel. » 42. Et ils disaient : « N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, celui dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit-il : “Je suis descendu du ciel ?” » Les Juifs et d’ailleurs les chrétiens prennent l’allégorie pour la réalité. 43. Jésus leur répondit : « Ne murmurez pas entre vous.] 44. Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et je le ressusciterai au dernier jour. 45. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Ainsi quiconque a entendu le Père et a reçu son enseignement vient à moi. 46. C’est que nul n’a vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu ; celui-là a vu le Père. 47. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. 48. Je suis le pain de vie. 49. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. 50. C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. 51. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma lumière [chair], que je donnerai pour la vie du monde. » 52. Là-dessus, les profanes [Juifs] disputaient entre eux, disant : « Comment peut-il nous donner sa lumière [chair] à manger ? » 53. Le Logos [Jésus] leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la lumière [chair] du Fils de l’homme, et si vous ne buvez sa vie [son sang], vous n’avez point la vie en vous-mêmes. 54. Celui qui mange ma lumière [chair] et qui boit ma vie [mon sang] a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. 55. Car ma lumière [chair] est vraiment une nourriture, et ma vie [mon sang] est vraiment un breuvage. 56. Celui qui mange ma lumière [chair] et qui boit ma vie [mon sang] demeure en moi, et je demeure en lui. 57. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. 58. C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts : celui qui mange ce pain vivra éternellement. » 59. Le Logos [Jésus] dit ces choses dans la synagogue, enseignant à Capernaüm. 60. Plusieurs de ses disciples, après l’avoir entendu, dirent : « Cette parole est dure ; qui peut l’écouter ? » 61. Le Logos [Jésus], sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : « Cela vous scandalise-t-il ? 62. Et si vous voyez le Fils de l’homme monter où il était auparavant ? 63. C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. 64. Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient point. » [Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le livrerait.]
Certains continueront à prétendre que l'hermétisme n'a pas influencé le christianisme, et préférerons les réécritures à l'original... 
Pourtant, soyons sensés, est-ce que réellement, le discours que Jean a attribué à Jésus, pourrait-il avoir été dit? On sait que le judaïsme a horreur du sang, on sait que le judaïsme est répugné par les pratiques cannibales, on sait que le judaïsme refuse d'idolâtrer un homme... Alors la réponse n'est-elle pas évidente, n'est-il pas temps que toi, ami chrétien, tu acceptes le véritable sens caché de l'évangile, et que tu cesses de prendre une allégorie pour la réalité, que tu cesses de courir après l'ombre... que tu cesses de croire qu'un homme déifié va te sauver... trouve plutôt le Logos en toi... celui qui te sauvera, est le Christ en toi, le Christ intérieur, le christ extérieur est un symbole qui te montre à quoi ressemble la vérité, pas la vérité.

On peut néanmoins se demander pourquoi le pain et le vin? Ce n'est évidemment pas quand ils sont cuits ou fermentés qu'ils sont importants, mais quand ils ne sont encore de la farine et du raisin... C'est alors qu'ils s'imprègnent aisément de la Lumière et de la Vie qui émergent de notre Logos intérieur. 
Chez les esséniens, c'est le prêtre le plus saint qui préparait la pâte à pain, croit-on que c'est un hasard: on ne confiait pas cette tâche à un boulanger, à un apprenti, mais bien à l'homme réputé pour sa sainteté... car il était censé savoir faire descendre la bénédiction de Dieu sur terre, sur les hommes et dans les éléments naturels. Ensuite, le pain est cuit et les raisins mis en fermentation, mais ils conservent les influx spirituels dont ils furent imprégnés et ils permettent aux disciples de progresser plus rapidement, afin qu'eux-mêmes soient capables de préparer un pain vivifiant, si pas pour les autres au moins pour eux. Le pain est alors cassé par le prêtre afin de libérer les effluves spirituelles qui furent enfuies dans la pâte. 

Tout ceci est évidemment traité allusivement dans de nombreuses paraboles des évangiles.
Comme par exemple la parabole du semeur (Matthieu 13, 1–9 ; Marc 4, 1–9 ; Luc 8, 1–8. Nous suivons la version de Marc):
Un semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin : les oiseaux vinrent, et la mangèrent. Une autre partie tomba dans un endroit pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre ; elle leva aussitôt, parce qu’elle ne trouva pas un sol profond ; mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines. Une autre partie tomba parmi les épines : les épines montèrent, et l’étouffèrent, et elle ne donna point de fruit. Une autre partie tomba dans la bonne terre : elle donna du fruit qui montait et croissait, et elle rapporta trente, soixante, et cent pour un.
La bénédiction de Dieu descend sans cesses sur les mondes, mais personne ne s'en soucie...

Ou (D’après Marc 4, 30–32; Matthieu 13, 31–32; Luc 13, 18–19.)
Le royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé, qui, lorsqu’on le sème en terre, est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre ; mais, lorsqu’il a été semé, il monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre.
La nature spirituelle du Logos est comme insignifiante en nous, pourtant si elle est développée elle donnera du fruit de grande valeur.

Ou (Matthieu 13, 33 et Luc 13, 20–21):
Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme a pris et mis dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée.
etc.












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