jeudi 4 juin 2015

Revenir au judéo-christianisme


Un pont trop loin, c’est le titre d’un film bien connu, cela pourrait aussi définir le christianisme. La volonté de quelques judaïsants en conflit avec le Sanhédrin de Yavneh de simplifier le Judaïsme afin de convertir rapidement l’Empire Romain au Judaïsme était une bonne idée, à condition de procéder en deux étapes. Une première phase de conversion et une seconde phase de retour aux sources. Mais la seconde phase n’a jamais vu le jour. Le christianisme s’étant inventé une doctrine facile, il n’allait pas revenir dessus.
Nous avons montré que les évangiles proviennent de textes qui n’avaient rien à voir avec Jésus. Nous avons identifié une Vie de Bannous, composée par Flavius Josèphe. Nous avons identifié des paroles qui proviennent d’une doxographie essénienne et d’autres d’une doxographie hermético-philonienne. Les passages qui nous choquent le plus sont ceux de l’Évangile de Jean, dans lequel son auteur a attribué à Jésus les fonctions normalement occupées par l’Esprit de Vérité qui réside naturellement en chacun d’entre nous. De tels concepts ont mené le christianisme dans une voie sans issue. D’autant plus que dans l’essénisme, il ne faut pas croire en l’Esprit de Vérité, mais connaître les commandements de Dieu, afin de les accomplir. Il ne faut d’ailleurs pas croire en Dieu, mais aimer Dieu et obéir à ses commandements.
Nous regardons les sites chrétiens : toute la connaissance se limite à « il faut croire en Jésus », martelé et encore martelé. Nous lisons des accumulations d’inepties, des discussions sans fin sur la personne de Jésus, la longueur de ses cheveux, la couleur de ses yeux et ils prennent des choses futiles pour des discussions profondes, bref, c’est inépuisable... Ils réfléchissent et argumentent à propos d’absurdités qui n’ont ni queue ni tête ou sur des questions impossibles à résoudre. 
Nous avons cherché les chrétiens au premier siècle de l’ère chrétienne et nous n’avons rien trouvé. Quelques timides mentions dans les années 110–150, et personne ne peut dire avec certitude que ces mentions concernent les chrétiens tant elles sont vagues. Les chrétiens anciens sont des convertis... au judaïsme à des degrés divers, Juifs à part entière, prosélytes de la porte, prosélytes de justice... autrement dit, ils ne sont pas chrétiens. Soit dit en passant, belle erreur des chrétiens d’avoir voulu capter le consul Titus Flavius Clemens qui permet de comprendre le pot aux roses. 
Le christianisme est parti en vrille il y a 1900 ans. Peut-être serait-il bien de revenir à nos fondamentaux, encore faut-il s’entendre sur ceux-ci.
Quels sont les fondamentaux du christianisme :

  • le judaïsme essénien de Judée qui nous fut transmis par Flavius Josèphe ; 
  • le judaïsme thérapeute qui nous fut transmis par Bannous ; 
  • l’hermétisme et la gnose sethienne dont on retrouve les traces dans les évangiles et dans les tout premiers textes chrétiens (nous le montrerons dans le volume suivant, c’est particulièrement vrai dans les épîtres pauliennes, mais aussi dans quelques passages de l’Épître de Barnabé) ; 
  • le judaïsme sadducéen de langue grecque et croyant au Logos par Philon d’Alexandrie.
Ce n’est pas si mal, à bien y réfléchir, il y a de quoi revenir au christianisme des origines, d’autant plus que l’on a découvert les manuscrits de la Mer Morte qui contiennent plusieurs traités de base de l’essénisme. Pareillement, les œuvres de Philon nous sont conservées, quelques œuvres d’Hermès sont conservées (nous possédons au moins trois prières hermétiques, un peu plus de vingt traités, et de nombreux fragments).
Nous nous souvenons que le pape Benoît XVI a dit quelque part que la compréhension que Jésus est dieu, s’est faite comme naturellement, un peu par hasard... Et bien espérons que maintenant, comme naturellement, on cesse de croire que Jésus est dieu et qu’ils se souviennent plutôt que le Logos est la création de Dieu.
Bien des gens croient que la preuve de la non-existence de Jésus sera la fin du christianisme, ces gens oublient que le christianisme ne s’appelle pas le jésuséisme mais bien le christianisme. Nous, au contraire, nous croyons que la fin du Dieu-Jésus est une chance inespérée pour le christianisme. La déification de Jésus s’inspire largement du culte des empereurs-dieu de Rome. En ces temps-là, on adorait le Dieu César, le Dieu Auguste, le Dieu Tibère, le Dieu Titus, le Dieu Domitien, le Dieu Trajan, le Dieu Hadrien, pourquoi pas le Dieu Jésus, alors ? Mais de tels cultes sont aujourd’hui l’objet d’une complète indifférence. Dans le Testament de Job, Job contemple une statue et se demande si c’est Lui le dieu qui a créé toutes choses et il brise l’idole ; pas plus que nous ne pouvons croire que cette idole est le dieu créateur de toutes choses, pas plus nous pouvons croire que Jésus est le dieu créateur de toutes choses, et comme Job a brisé cette idole, peut-être est-il temps que la vérité historique brise cette idole qui a pour nom Jésus, afin d’en libérer le Logos.
L’idée que Dieu s’est intéressé particulièrement à notre monde était crédible quand la terre était au centre de l’univers, aujourd’hui la terre est juste une planète d’un système solaire périphérique d’une galaxie, elle-même périphérique : la terre a perdu sa centralité.
De Jésus, subsistent quelques vagues histoires sur sa bonté, et sur son amour de tous les hommes (à condition qu’ils croient en lui, parce que s’ils ne croient pas en lui, ils sont maudits. Nous nous sommes toujours demandé comment les massacres des païens ou des non-chrétiens furent justifiés par les évangiles, il suffit pourtant de relire l’Évangile de Jean.)
Le pape Benoît XVI a écrit :
Et incarnatus est — et il a pris chair — par ces mots, nous professons l’entrée effective de Dieu dans l’histoire réelle [merci pour les prophètes]. Si nous écartons cette histoire, la foi chrétienne est abolie en tant que telle et refondue dans une autre forme de religion.
Totalement exact, et le christianisme n’échappera pas à une refonte profonde de ses enseignements. Des spécialistes du Nouveau Testament, comme Meier, qui certifiaient, il y a à peine dix ans, que les évangiles avaient été rédigés dans la forme que nous leur connaissons, au plus tard dans les années 90 de l’ère chrétienne, sont maintenant obligés de reconnaître qu’ils furent probablement compilés dans les années... 130–140. Aujourd’hui, les discussions des érudits sont devenues une sorte de marchandage entre ceux qui pensent que la plupart des parties furent rédigées à cette période, et ceux qui pensent que ce ne fut que la touche finale qui fut rédigée à cette période.
Mélanger des voies aux caractéristiques différentes peut se révéler problématique et Philon en adoptant les thèses de la philosophie grecque y a involontairement contribué. Le dieu de la philosophie grecque n’a rien à voir avec le Dieu de la Bible. Le premier est un concept, le second une source vivifiante. Le pré-christianisme a affirmé dans les synoptiques la puissance de l’Esprit Saint et dans les épîtres de Paul, il a tenté, non sans intelligence, d’harmoniser la manifestation directe de l’Esprit Saint avec les hiérarchies planétaires, célestes et surcélestes de l’hermétisme. Le prologue de Jean est hermétique, mais, mais, il fut compris dans une perspective philonienne. Le Logos est dans l’hermétisme est une simple hyperbole hellénisée pour signifier « l’ogdoade » ou le ciel zodiacal avec ses signes, ses décans, ses quinaires et ses degrés, l’au-delà des planètes. Chez Philon, le concept du Logos est complexe, il est en un sens conforme à la conception stoïcienne du Logos, en tant qu’il est le médiateur entre Dieu et ce qui existe, et c’est ainsi que le comprirent les premiers chrétiens et qu’ils y croyaient. Dans ce cadre-là, donner au Logos une dimension humaine avait tout son sens, pour relier Dieu à la Nature, le Logos doit nécessairement unifier des caractéristiques humaines ou naturelles et divines : la double nature du Verbe, érigée comme dogme dans la théologie chrétienne.
Néanmoins cette notion d’intermédiaire issue du stoïcisme n’existe pas dans la Bible. Dieu dans la Bible agit en général en prenant la forme d’un ange, mais il agit bien directement, et son action correspond à ce que l’on appellera la « providence ». Il y aurait eu quelque sens à traduire le mot Logos par celui de « Providence », mais ce serait encore incomplet.
En faisant des évangiles, des Actes des Apôtres et des épîtres pauliennes la source de leur dogmatique, ils découvrirent un nouveau problème : Que faire de l’Esprit Saint ? d’autant que le concept d’Esprit Saint dont ils héritèrent est plus essénien que biblique. Nous ne voulons pas dire que les méditations sur l’Esprit Saint composées par les esséniens ne seraient pas conformes à la Bible, mais que leur approche est plus ésotérique, l’Esprit Saint est fondamental dans la Bible, mais les explications qu’en donne la Bible sont évasives, en tout cas, complexes à comprendre par un non-initié.
Justin tentera de convaincre que l’Esprit Saint et le Logos sont identiques, il ne sera pas suivi. Le problème restait insoluble. Le Logos étant un deuxième Dieu et l’Esprit-Saint étant aussi un deuxième Dieu, ils trouvèrent finalement une solution, il n’y avait pas deux fois deux dieux mais trois, cette équation est simple à comprendre : 

  • philonisme : Dieu = Dieu le Père + Logos (qui est le Fils de Dieu)
  • essénisme : Dieu = Dieu le Père + Esprit Saint
  • christianisme : Dieu = Dieu le Père + Logos + Esprit saint
Et la Trinité fut érigée en dogme, suite à des problèmes rédactionnels entre les synoptiques qui furent rédigés par des judaïsants essénisants et entre le prologue de l’Évangile de Jean qui fut rédigé par des judaïsants philoniens.
L’Église n’aime pas que l’on fouine trop dans les origines du Nouveau Testament, on peut discuter de Jésus, chercher des sources Q, Q+, QMatthieu, QLuc, mais jamais, jamais, on ne peut investiguer dans la recherche de la pensée philosophique des rédacteurs des évangiles qui sont forcément de pauvres Juifs sans culture, qui n’ont aucune formation philosophique. Ils n’ont jamais lu les textes de Qumran, ni non plus les textes hermétiques, ni non plus Philon d’Alexandrie, parce que s’ils avaient lu tout cela, ils ne seraient plus de pauvres juifs ignorants, mais bien des hommes qui ont un savoir encyclopédique et qui écrivent une allégorie. Si les évangiles sont une allégorie, plus de jésuéïsme, que l’on croit être le christianisme.
L’Église a voulu une doctrine préliminaire simple et aussi facile que possible, une doctrine qu’elle pouvait facilement établir et faire servir pour sa démonstration : un homme divinisé, équivalent à la doctrine de l’apothéose chère à Cicéron, mais là, il s’agissait diviniser les serviteurs de la République romaine après leurs morts. C’est un concept facile à faire comprendre aux païens, c’est la base même du paganisme à cette époque. Donc, cet homme reçoit un baptême et est adopté par Dieu, le paganisme n’y trouve rien à redire. Mais cela ne semblait pas suffisant, il fallait plus. La plupart des spécialistes de la source Q avouent être troublés et se demandent comment est-il possible que la résurrection soit absente de la principale source des évangiles ; l’événement fondamental du christianisme est inconnu de ce qu’ils considèrent être la source des synoptiques. L’explication est simple et trouve sa source dans les rivalités des préchrétiens avec les gnostiques : Simon le Magicien est Zeus incarné, alors Jésus sera le Logos incarné ; les gnostiques prétendent que Dosithée ou Simon sont ressuscités et montés au ciel, alors Jésus sera ressuscité et monté au ciel. Et l’Église demandera à ces gnostiques : « Quels sont vos témoins ? Parce que nous nous avons non pas un témoin, mais trois témoins, les trois synoptiques, quatre avec l’Évangile de Jean. » C’est pour cela qu’ils voulaient trois évangiles, les trois synoptiques, pour la facilité de leur démonstration, car trois témoins valent mieux qu’un seul, et surtout pour qu’on ne pense pas que les évangiles soient une allégorie. 
Malheureusement, cela se retourne contre eux, si les trois évangiles furent rédigés par un groupe d’hommes travaillant ensemble, alors c’est un faux, et sa dogmatique un délire. Le dogme de la Trinité autant que la déification de Jésus furent les plus graves erreurs de nos prédécesseurs. 
Mais si nous abandonnons cela, qu’allons-nous faire à la place ?
Aujourd’hui, les chrétiens n’envisagent que Jésus comme seul horizon du christianisme, et nous avons tenté de montrer que Jésus n’est au mieux qu’un symbole, comme d’ailleurs le dira Paul :
Pour moi, frères, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ. Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter ; et vous ne le pouvez pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels.
Après 1900 ans, il est peut-être temps d’arrêter de prendre l’ombre pour la réalité... et donc, nous pensons que réformer le christianisme serait la meilleure solution.
D’abord, posons de bons fondements : le philonisme est une voie sociale et religieuse, la gnose sethienne ou hermétisme juif est une voie spirituelle intérieure. L’essénisme est une voie autant religieuse que spirituelle, c’est une voie complète. Néanmoins les buts de l’essénisme visent clairement à l’acquisition d’une connaissance prophétique. Le philonisme avait comme objectif de devenir la religion du monde, sous-entendu l’Empire Romain, il réussit cette opération sous le nom de christianisme. En un sens ce fut aussi le cas de l’essénisme, nous avons vu que les esséniens convertissaient si nécessaire de force.
Ils ont gagné, puisque le monde s’est converti et bien au-delà des frontières de l’Empire Romain. Mais nécessité faisant loi, ils ont déjudaïsé le chris-tianisme. Néanmoins les églises chrétiennes, se fondant sur un homme divinisé, ont explosé en une multitude de sectes divergentes. Cette idée d’un homme divin a nécessité de convaincre les hommes d’avoir foi en lui. Pourtant, lorsqu’on observe le Judaïsme, on est frappé du peu d’importance accordée à la foi. Alors que le christianisme a théorisé une dogmatique aussi rigide que possible sur la foi chrétienne, où chaque mot est pesé, car il s’agissait de définir l’exacte vérité de comment fonctionne Dieu. Il faut dire enfin que la base du christianisme est d’avoir la foi. Or, rien de tout cela n’est présent dans le Judaïsme, les treize articles de foi seront élaborés au Moyen-Âge par Moïse Maïmonide, le plus helléniste des Juifs après Philon, et ces articles de foi demeurent sommaires, ils ne sont d’ailleurs toujours considérés que comme un aide-mémoire. Autant la dogmatique chrétienne est précise, autant la dogmatique juive est vague et superficielle. Il y a plusieurs raisons pour cela, et la principale d’entre elles est pour nous qu’il y aura toujours une différence entre le Dieu de la Bible, le Dieu Vivant et le Dieu de la philosophie grecque simple postulat à leurs théories cosmogoniques. Le christianisme a entièrement épousé la philosophie grecque dans son logisme. Il s’agit de présenter la vérité métaphysique comme une donnée objective, un peu comme le scientifique qui, voyant de l’eau, pense h2o. La philosophie grecque consiste à apprendre toutes les nages et tous leurs mouvements, mais à ne jamais plonger dans l’eau. Le Judaïsme n’a pas cherché à tant théoriser la foi, parce qu’il croyait plus volontiers que la foi se communique de père en fils et que, si un père voulait que son fils sache nager, autant le jeter dans l’eau, certes sans cesser d’être à côté de lui, afin d’éviter qu’il se noie, mais de le mettre dans une situation où il devra, par lui-même, trouver l’aisance de la voie spirituelle. La véritable foi n’est pas d’aligner une longue suite de définitions : Dieu est ceci ou cela, Dieu est grand ou petit, Dieu est transparent ou opaque, bleu ou rouge, Dieu est divisé en autant de parties qui ne sont pas des divisions (vous n’avez pas compris, ne vous inquiétez pas, moi non plus), mais bien d’arriver à une connaissance de Dieu. Le père veillait donc à communiquer une expérience spirituelle apte à transformer l’enfant et à faire en sorte qu’il s’éveille à cette partie secrète de son être. C’est bien par une expérience que l’enfant découvrait la foi et c’est par cette expérience qu’il était attaché à Dieu et à son culte. Or les chrétiens ciblaient les païens qui n’avaient pas forcément les clés pour comprendre la nature de l’expérience spirituelle directe, il fallait donc les convaincre et les aider par des définitions. Mais le jeu était dangereux, nous en sommes restés aux défintions abstaites. Le Judaïsme procédait d’une succession d’expériences spirituelles vécues, il y a plusieurs millénaires et perpétuées générations après générations de père en fils. La transmission de père en fils dans le christianisme c’est la transmission d’une théorie et dans le judaïsme d’une expérience. 
Le danger de l’idéologisation de la spiritualité est d’avoir voulu déterminer une vérité théorique et quiconque n’acceptait pas cette théorie devenait un hérétique que l’on pouvait, que l’on devait mettre à mort. Pourtant, on peut vous obliger à croire à quelque chose, au moins à faire semblant que vous y croyez, mais personne ne sait vous obliger à le chercher en vous, car il n’y a que vous qui puissiez prendre une telle décision. La réalité spirituelle intérieure est ce qui rend vain toute imposition idéologique de la foi. Le christianisme autant que l’islam ont contribué à substituer à la spiritualité le contrôle de la pensée. Et une telle voie n’a mené à rien.
Nous ne pensons pas que l’expérience spirituelle juive soit unique, des milliers d’hommes aux origines multiples ont bénéficié d’une connais-sance intuitive de Dieu, parce que tout simplement dans l’homme subsiste ce que spirituellement on appelle « la nature adamique », c’est-à-dire quelque chose qui est disposé en nous et qui provient de Dieu. Quelque chose qui dort et qui n’attend que le bon moment pour se réveiller. Cette nature adamique est le messie qui est à l’intérieur de nous, c’est donc en nous que nous devrons le chercher. Quelle que soit la forme que prendra le christianisme demain, il devra être plus spirituel, plus intérieur et moins jésuïste... Le christianisme messianique ce n’est pas s’asseoir et attendre que le Christ vienne avec tous ces anges instaurer son royaume, le christianisme messianique c’est chercher le messie en soi et non hors de soi, c’est préférer nager dans l’eau que rester hors de l’eau en connaissant toutes les sortes de nages théoriquement... 
Dans les pratiques spirituelles, nous avons, au moins succinctement, parlé des consécrations de la nourriture et de leur préparation. Nous avons rappelé qu’il existe des noms divins cryptés dans la Torah, les 72 anges de la Qabale ne sont que les plus connus. La méditation sur la nature spirituelle est bien présente dans l’hermétisme, il suffit de lire les textes du Corpus Hermeticum. 
Concernant la sexualité où le christianisme s’est tant ridiculisé, nous préférons la définition juive : réjouissons-nous des rapports sexuels légitimes que nous avons, car après la résurrection, il n’y aura plus de sexualité, nous serons comme les anges. Cela ne signifie pas qu’il faille en abuser, et le faire en dehors de tous principes légaux.
Le christianisme avec son nombre élevé de croyants dans tous les pays du monde tente parfois d’influencer les États, mais souvent mal à propos. Ses manifestations se limitent à s’opposer à l’avortement ou au mariage pour tous. S’il est exact que la Bible n’approuve aucune de ces choses, il est tout aussi exact que ces pratiques sont strictement du ressort individuel. Le christianisme a réussi à se faire passer pour l’ennemi de la liberté individuelle. Il aurait été bien plus sage en combattant les OGM, qui eux menacent notre intégrité physique, sans nous demander notre avis. Dans le Sepher Nephilim trouvé à Qumran, il semble qu’un passage suggère que la raison de la destruction du monde à l’époque de Noé soit que les Nephilim mélangeaient les espèces entre elles, ce qui est stricto sensu, la définition des OGM. Voilà quelque chose d’important, mais les chrétiens ne se mobilisent pas contre cette abomination, ils préfèrent se préoccuper des choses secondaires.
Dans les pratiques spirituelles, il est dommage que le christianisme en entrant en concurrence avec le stoïcisme ait rejeté l’astrologie, il faut savoir que la religion concurrente du christianisme au IIe siècle n’était pas le paganisme, mais... l’astrologie. Par astrologie, nous ne parlons pas de thème astral, qui en est une simple et inutile application, mais bien de la connaissance des influx astraux qui étaient conçus comme venant de Dieu et comme remontant à leur source. Ces influx étaient utilisés pour remonter à travers les sphères. Certains chrétiens seront surpris d’apprendre que de très nombreux rabbins étudient et pratiquent l’astrologie sans que cela ne semble poser problème à leur conscience religieuse. Sur les influx astraux, Le Livre d’Henoch (41, 5–8) dira :
Je vis les réservoirs du soleil et de la lune, d’où (ces astres) sortent, et où ils reviennent — et leur retour est glorieux — ; et comment l’un est plus beau que l’autre et (comment) leur course est magnifique ; (et je vis) comment ils ne s’écartent pas de leur route, et ils n’ajoutent ni ne retranchent rien à leur parcours, mais restent l’un à l’autre fidèles, dans le serment qu’ils se sont fait. Le soleil sort d’abord, et il suit sa voie par l’ordre du Seigneur des esprits ; et son nom restera dans les siècles des siècles. Ensuite, vient le chemin caché puis découvert de la lune ; elle accomplit le parcours de sa voie dans ce lieu même, pendant le jour et pendant la nuit ; et l’un est à l’opposé de l’autre en présence du Seigneur des esprits ; et ils rendent grâces et ils louent sans se reposer, car pour eux l’action de grâces est un repos. Le soleil accomplit en effet de nombreuses révolutions, soit pour bénir, soit pour maudire ; et le parcours du chemin de la lune est lumière pour les justes, et ténèbres pour les pécheurs, au nom du Seigneur qui a séparé la lumière des ténèbres, qui a partagé les esprits des hommes [On est pas loin du Discours des deux Esprits], et a affermi les esprits des justes au nom de sa justice.
Il n’y a rien de négatif dans l’observation des mouvements célestes et dans la contemplation de la descension des influx astraux, tout cela fait partie intégrale de n’importe quelle voie spirituelle. En tant que non-juifs, nous pourrions facilement et sans déroger à la Torah, baser les fêtes sur les positions astronomiques. Il existe des traces dans la Bible que les sabbats se pratiquaient autrefois aux quartiers lunaires. On sait que le culte sacrificiel a des rapports avec les positions du soleil pendant la journée, même si le texte biblique est volontairement imprécis, les sacrifices se faisant au lever et au coucher du soleil. Il est étonnant que la Bible n’ait pas mentionné de sacrifices lorsque le soleil culmine, mais cela peut se rapporter à des secrets ésotériques qui peuvent, s’ils sont connus des sorciers, être mal utilisés. Aujourd’hui, ces secrets sont dévoilés et plus personne ne s’y intéresse. Les grandes fêtes du Judaïsme se déroulent à des moments proches des équinoxes et des solstices : la fête de Pâque est proche de l’équinoxe de printemps, la fête de la Pentecôte juive est proche du solstice d’été, fête des Tentes est proche de l’équinoxe d’automne et la fête de Hanukha ou des lumières est proche du solstice d’hiver. Tirons-en les conclusions nous-mêmes, ces moments sont propices aux pratiques spirituelles.
Des difficultés auxquelles doit faire face n’importe quel étudiant des traditions secrètes proviennent de notre éducation : nous sommes pénétrés de l’idée que les différents mondes sont contigus et donc, infranchissables. Or, justement, la Bible nous fait voir les choses différemment ; en effet, il y a continuité entre l’esprit de Dieu et l’air que nous respirons. Donc, chaque acte que nous faisons ici-bas a une résonnance en-haut.
La guerre civile juive dont nous avons hérité n’a plus de raison d’être. C’est ainsi que s’il est bien une chose qui doit être abolie, c’est l’antisémitisme chrétien. Nous admirons les esséniens, mais nous ne félicitons ni les pharisiens ni les esséniens de la guerre civile qu’ils menèrent pendant 200 ans et qui aboutit à rétrograder tout le travail de Mathathias et de Yehûdah Makabi, livrant la Judée à Rome, et finalement, provoquant la destruction du Temple. Il serait d’ailleurs bon que les chrétiens aident à sa reconstruction.
La taille de ce livre ayant dépassé de loin ce que nous avions prévu à l’origine, nous avons décidé de reporter notre étude sur les sources esséniennes et hermétiques des épîtres pauliennes, ainsi qu’une édition annotée du Pasteur d’Hermas, du Livre d’Henoch, et de quelques autres courts textes dans un second volume. 

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